- EAN13
- 9782374913247
- Éditeur
- Quidam
- Date de publication
- 22/08/2023
- Collection
- Made in Europe
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
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Papier - Quidam 19,00
MURmur s’ouvre sur le récit à la première personne d’une femme incarcérée. Si
l’effroi de la claustration prédomine au début, peu à peu se distillent les
raisons de son emprisonnement, lesquelles échappent cependant à notre
entendement, louvoie avec notre compréhension : si le monde dans lequel vit la
narratrice tend à ressembler au nôtre par son quotidien, en revanche son crime
et sa condamnation ne trouvent pas d’écho dans le code pénal tel que nous le
connaissons. Ou plutôt : pas ici, pas encore. Parce que, dans d’autres parties
de notre monde réel actuel et dont le nombre augmente dangereusement ces
derniers temps, nous le savons, des lois répressives continuent - ou
recommencent - à punir ces femmes qui avortent quel qu’en soit le motif. De
l’endroit historique et géographique (laissés volontairement vagues) où écrit
la narratrice, la maternité est ainsi désormais strictement encadrée et la
moindre défaillance sanctionnée, la fausse couche au même titre que
l’avortement. La liberté de disposer de son propre corps n’existe plus, et
rien ne dit qu’elle ait un jour existé puisque la parole artistique féminine
et féministe a été brutalement censurée, effacée de la mémoire collective par
décision gouvernementale, afin d’annihiler toute revendication. Dans cette
dystopie, les femmes sont ainsi privées de voix et d’insurrection. Pourtant un
murmure persiste, une dissidence basse et clandestine, chez certaines femmes
qui, de mère en fille, relaient un texte de la littérature d’autrefois sauvé
de l’oubli et appris par cœur. La narratrice est de celles-ci et décide
soudain, poussée par l’iniquité de son emprisonnement, le vent de révolte qui
gronde chez certaines ses semblables (dont l’action en prison reprend les
grandes lignes insurrectionnelles d'un Bobby Sands en son temps),
l’impossibilité de léguer à l’enfant qu’elle n’a pas eu, de sortir ce texte du
secret chuchoté où il était supposé demeurer enfermé : elle se met à l’écrire.
Ici donc, s’enchâsse un roman d’une autrice inconnue titré Pièces, roman
choral, où se succèdent différents personnages répondant à des termes
génériques (Mère, GrandeEnfant, Faiseuse, Collègue, Secrétaire, MaîtreAvocate,
MonsieurJuge, LaPhilosophe) et racontant une histoire qui, malgré
l’imprécision de l’ancrage, tend à ressembler au procès de Bobigny dont on
sait qu’il fut la pièce maîtresse et décisive du droit encore actuel à
l’avortement. Rendre à l’écrit l’histoire de ce combat permet ainsi de donner
à la protestation l’ampleur du cri après le murmure. Pour autant, si elle veut
être capable de repousser les murs qui enferment, cette protestation ne
saurait rester isolée : à travers ces deux récits mêlés, c’est aussi et
surtout au ralliement des forces de toutes ces femmes qu’il s’agit de rendre
hommage parce que c’est à elles que nous devons notre liberté et la conscience
de sa fragilité. Caroline Deyns vit et enseigne à Besançon. D'un style
inventif, fait de phrases courtes, percutantes d'où rugit la poésie d'une
langue révoltée, son travail d'écriture est surtout reconnu depuis la
publication et le succès (14500 exemplaires) de Trencadis (Quidam, 2020), un
immense roman sur Niki de Saint Phalle, puissant, féministe et iconoclaste,
qui reparaît aujourd'hui dans la collection poche de Quidam Les Nomades. Elle
est aussi l'autrice chez Philippe Rey de Tour de plume (2011) et de Perdu, le
jour où nous n’avons pas dansé (2015).
l’effroi de la claustration prédomine au début, peu à peu se distillent les
raisons de son emprisonnement, lesquelles échappent cependant à notre
entendement, louvoie avec notre compréhension : si le monde dans lequel vit la
narratrice tend à ressembler au nôtre par son quotidien, en revanche son crime
et sa condamnation ne trouvent pas d’écho dans le code pénal tel que nous le
connaissons. Ou plutôt : pas ici, pas encore. Parce que, dans d’autres parties
de notre monde réel actuel et dont le nombre augmente dangereusement ces
derniers temps, nous le savons, des lois répressives continuent - ou
recommencent - à punir ces femmes qui avortent quel qu’en soit le motif. De
l’endroit historique et géographique (laissés volontairement vagues) où écrit
la narratrice, la maternité est ainsi désormais strictement encadrée et la
moindre défaillance sanctionnée, la fausse couche au même titre que
l’avortement. La liberté de disposer de son propre corps n’existe plus, et
rien ne dit qu’elle ait un jour existé puisque la parole artistique féminine
et féministe a été brutalement censurée, effacée de la mémoire collective par
décision gouvernementale, afin d’annihiler toute revendication. Dans cette
dystopie, les femmes sont ainsi privées de voix et d’insurrection. Pourtant un
murmure persiste, une dissidence basse et clandestine, chez certaines femmes
qui, de mère en fille, relaient un texte de la littérature d’autrefois sauvé
de l’oubli et appris par cœur. La narratrice est de celles-ci et décide
soudain, poussée par l’iniquité de son emprisonnement, le vent de révolte qui
gronde chez certaines ses semblables (dont l’action en prison reprend les
grandes lignes insurrectionnelles d'un Bobby Sands en son temps),
l’impossibilité de léguer à l’enfant qu’elle n’a pas eu, de sortir ce texte du
secret chuchoté où il était supposé demeurer enfermé : elle se met à l’écrire.
Ici donc, s’enchâsse un roman d’une autrice inconnue titré Pièces, roman
choral, où se succèdent différents personnages répondant à des termes
génériques (Mère, GrandeEnfant, Faiseuse, Collègue, Secrétaire, MaîtreAvocate,
MonsieurJuge, LaPhilosophe) et racontant une histoire qui, malgré
l’imprécision de l’ancrage, tend à ressembler au procès de Bobigny dont on
sait qu’il fut la pièce maîtresse et décisive du droit encore actuel à
l’avortement. Rendre à l’écrit l’histoire de ce combat permet ainsi de donner
à la protestation l’ampleur du cri après le murmure. Pour autant, si elle veut
être capable de repousser les murs qui enferment, cette protestation ne
saurait rester isolée : à travers ces deux récits mêlés, c’est aussi et
surtout au ralliement des forces de toutes ces femmes qu’il s’agit de rendre
hommage parce que c’est à elles que nous devons notre liberté et la conscience
de sa fragilité. Caroline Deyns vit et enseigne à Besançon. D'un style
inventif, fait de phrases courtes, percutantes d'où rugit la poésie d'une
langue révoltée, son travail d'écriture est surtout reconnu depuis la
publication et le succès (14500 exemplaires) de Trencadis (Quidam, 2020), un
immense roman sur Niki de Saint Phalle, puissant, féministe et iconoclaste,
qui reparaît aujourd'hui dans la collection poche de Quidam Les Nomades. Elle
est aussi l'autrice chez Philippe Rey de Tour de plume (2011) et de Perdu, le
jour où nous n’avons pas dansé (2015).
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